Dans le cadre d’une problématique scientifique autour des «des couloirs des migrations et des activités humaines sur la façade atlantique du Maroc», une équipe de chercheurs marocains, britanniques et français a effectué des recherches archéologiques dans les grottes d’El Khenzira (Douar Oulad Brahim, Commune de Moulay Abdallah, El Jadida) du 5 mars au 4 avril 2017. Ces recherches ont obéi à trois objectifs principaux :
- Evaluer le potentiel archéologique des grottes d’El Khenzira après 83 ans des premières fouilles archéologiques menées par Armand Ruhlmann en 1934 :
- Etudier la stratigraphie des deux grottes ;
- Préciser la chronologie des activités humaines identifiées par les anciennes fouilles.
L’opération de cette année était essentiellement un test d’évaluation pour préparer d’éventuelles fouilles et recherches archéologiques de grande envergure. C’est ainsi que les résultats obtenus et qui sont encore préliminaires en attendant de les confirmer par des études aux laboratoires sont extrêmement importants. Ils peuvent ainsi être résumés comme suit :
- Même si Armand Ruhlmann a réalisé de grandes fouilles dans les grottes, il reste encore d’importants volumes de sédiment contenant des traces des activités humaines avec plusieurs restes de la faune fossile ;
- Certaines couches archéologiques sont très riches par des éléments qui peuvent aider dans des opérations de datation afin de préciser l’âge des couches archéologiques à travers des méthodes techniques comme le radiocarbone ou la luminescence stimulée optiquement OSL;
- La faune fossile découverte cette année confirme la présence de plusieurs espèces d’animaux herbivores (gazelles, bubales, bovidés….) et d’autres carnivores (hyènes, chacal…).
- Plusieurs objets archéologiques ont été découverts et qui correspondent à des outils en pierre fabriqués à partir du silex, des objets de parure sous forme de coquilles marines perforéess.
La présence des coquilles marines perforées semblables à ce qui a été découvert ailleurs au Maroc confirme que la façade atlantique marocaine a été un couloir d’échanges non pas seulement entre le Sud et le Nord mais aussi Sud-Sud et que le désert saharien n’a jamais été un obstacle pour des contacts et des migrations humaines dans les deux sens entre le Maroc et les zones subsahariennes.L’une des questions relatives aux premières activités humaines, concerne le début de l’utilisation des objets symboliques. De ce fait, les objets de parure dépassent la fonction de l’embellissement ou de décoration et sont considérés comme des objets symboliques et d’identité partagés au sein d’un groupe humain ou avec d’autres groupes.En Europe, les plus anciennes manifestations d’utilisation des objets de parure ne dépassent pas 40 mille ans. Les publications récentes de ces objets découverts dans d’autres sites archéologiques marocains fournissent des dates qui dépassent 100 mille ans.Les nouveaux objets découverts dans les grottes d’El Khenzira sont en cours d’étude et de datation et qui vont confirmer que le Maroc est d’ores et déjà considéré comme le seul espace géographique au monde où plusieurs sites fournissent ces objets symboliques et pourrait donc être considéré comme un centre de création de ces innovations culturelles et leur diffusion aussi bien en Afrique qu’en Europe.Les découvertes réalisées dans les grottes d’El Khenzira sont en cours d’étude par l’équipe scientifique composée de chercheurs marocains de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine à Rabat en collaboration avec le laboratoire de géomorphologie de la faculté des lettres et sciences humaines de Ben M’Sik à Casablanca, de l’Université d’Oxford en Grande Bretagne et de l’Université d’Aix- Marseille en France. Les premiers résultats de datation sont attendus au cours de cette année 2017.